le travail nous rend il plus humain
Le travail est-il le lien le plus étroit entre l'homme et la réalité ? - Le travail est-il nécessairement aliénant pour l'homme ? 2. La division du travail - La division du travail peut-elle être source d'unité sociale ? 3. La rationalisation du travail (taylorisme, fordisme) 4. Le travail et la machine
Enfait, une conclusion plus juste serait : le travail ne rend pas heureux mais on peut faire en sorte que les salariés soient heureux au travail en leur confiant des responsabilités, en aménageant le lieu de travail, en les associant à la performance de l’entreprise, en les laissant libres de leurs horaires ou de faire du télétravail, voire en leur proposant des cours de yoga au
En1986, ce grand amateur de théâtre – qui fit donc aussi montre de ses propres talents de comédien amateur en tant que thésard sur le terrain – crée le Laboratoire d’études sur les nouvelles technologies, l’innovation et le changement qu’il préside toujours. À l’époque, les travaux se sont d’abord orientés vers le secteur culturel qu’il affectionnait encore et dont
Lestextes les plus importants de Karl Marx pour le XXIe siècle. Choisis et commentés par Robert Kurz, La Balustrade, Paris, 2002, pp. 123-127. L’autre Marx, le Marx ésotérique, celui de la critique radicale catégorique se discerne bien moins nettement en ce qui concerne la critique du travail. Sur ce point, Marx semble généralement en accord avec le marxisme
Deschercheurs australiens ont établi qu'au-delà de 40 ans, il ne faudrait travailler que 25 heures par semaine, ni plus ni moins, afin de
Les Sites De Rencontres Au Senegal. ILe travail, transformation de la nature par l'homme ALa distinction entre l'homme et l'animal par la technique Ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est sa capacité à travailler la nature, c'est-à-dire à la transformer en utilisant des moyens qui lui sont propres, à commencer par l'outil. Technique On appelle technique l'ensemble des procédés utilisés par l'homme pour transformer la nature par le travail. Ces procédés n'appartiennent pas eux-mêmes à la nature une canne à pêche, même rudimentaire, n'est pas un simple moyens techniques ont évolué au cours de l'histoire mais l'homme a toujours su construire des outils et des machines pour transformer la nature et faire évoluer son les chantiers des pyramides, les ouvriers utilisaient déjà des outils, comme des leviers pour transporter les blocs. Au XIXe siècle, lors de la révolution industrielle, de nombreuses inventions ont révolutionné le travail de l'homme, comme la machine à vapeur qui a permis de voyager plus rapidement et de transporter plus facilement les marchandises. Aujourd'hui, une part très importante de la population travaille sur des ordinateurs. Ces nouveaux outils ont envahi les bureaux et transformé considérablement la façon de technique permet à l'homme d'inventer et de fabriquer des outils qui vont l'aider dans son travail et lui faciliter la tâche. Aucun autre animal étudié pour le moment n'est capable de faire cela. En effet, certains animaux peuvent utiliser des instruments, mais ils ne créent pas d'outils. Les instruments sont des objets à fonction unique qui sont comme des prolongements du le chimpanzé peut utiliser un bâton pour atteindre un objet ou de la nourriture hors de sa portée et le ramener à lui. L'homme, quant à lui, est capable de fabriquer des outils qui ont des fonctions multiples et de perfectionner cet entre l'animal et l'homme, entre l'instrument et l'outil, symbolise l'opposition entre la nature et la culture. L'animal s'adapte à son environnement, l'homme transforme son environnement par le travail. Seul l'homme possède une culture, car il possède la dispositions naturelles anticipent l'activité technique, donc l'activité culturelle. Ainsi, l'usage de la main la préhension, c'est-à-dire la capacité à saisir des objets avec la main grâce au pouce opposable favorise l'homme. On peut même considérer la main comme un "outil naturel", le premier de tous, qui favorise l'homme et prépare l'invention des véritables outils. Toutefois, cela n'est pas suffisant puisque le chimpanzé, qui possède une main similaire, n'a pas de dit que l'homme pense parce qu'il a une main. La vérité est que l'homme a une main parce qu'il des animaux, trad. Frédéric Gain, Paris, éd. Le Livre de poche, coll. "Classiques de la philosophie" 2011La technique participe à ce que Claude Lévi-Strauss nomme la dialectique de la nature et de la culture, c'est-à-dire le passage, par transformation, de la nature à la culture. Or, c'est justement comme un acte de transformation que le travail est défini. Technique et travail sont indissociables, ils sont également ce qui différencie les hommes de tous les autres animaux. BLa technique pour transformer la nature La technique ne cesse d'évoluer puisqu'au cours de l'histoire, l'homme ne cesse de perfectionner les outils qu'il savoir ou savoir-faire en appelle un autre. De ce fait, la technique est un moteur de l'histoire puisqu'elle permet l'évolution du travail de l'homme et la démultiplication des possibilités de transformation de la nature. La technique possède un caractère cumulatif chaque machine ou outil inventé permet d'en créer d'autres, directement ou par la coutellerie, artisanale au départ, devient une production en série où des machines produisent elles-mêmes ce qui était autrefois un outil. Utilisé comme arme, le couteau, arme "blanche", est progressivement remplacé par l'arme à feu qui utilise elle-même une autre technique. Certaines grandes inventions techniques ont permis à l'homme de maîtriser davantage son environnement et de faciliter son travail La roue c'est le premier mécanisme qui permet de transformer un outil en machine simple. Ainsi, grâce à la roue, l'homme a créé la poulie ou encore le treuil. Aussi fondamental, le levier, qui dépend directement de la connaissance géométrique, est combiné avec la roue dans l'engrenage, système de machines simples. La multiplication des rouages, elle, a permis de créer une machine complexe, l'automate. L'engrenage en est le prototype, il était utilisé comme support des machines mécaniques divertissantes d'Héron d'Alexandrie au Ier siècle. La machine moderne permet de transformer une source d'énergie en une autre. Ainsi, la machine à vapeur transforme l'énergie thermique de la vapeur d'eau en énergie mécanique permettant de faire avancer un train. La machine programmable, elle, repose sur l'information. L'information est une notion scientifique comme celle d'énergie. On parle également de "machines abstraites" ou "virtuelles" pour désigner le langage dans lequel est "codée" l'information. Ces machines ont envahi le monde du XXIe siècle, il s'agit des ordinateurs, des robots ou encore des pilotes automatiques. Ainsi, chaque nouvelle invention technique a permis de révolutionner le travail de l'homme et a transformé la nature. Joseph Schumpeter et Karl Marx ont insisté sur le caractère décisif de l'innovation technologique dans la transformation du monde par l'homme. Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain [le seigneur de la société féodale], le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme de la philosophie, Paris, éd. Payot, coll. "Petite bibliothèque Payot" n° 294 2019 CLe monde habité par l'homme un produit de son travail D'après le philosophe allemand Jakob von Uexküll, l'animal vit dans un environnement naturel qui constitue son "milieu". L'homme, quant à lui, vit dans un environnement "artificiel", son "monde" au sens de monde habitable. Ce "monde habitable" est le produit de la technique, donc du travail de l' feu permet de se chauffer et de protéger, de cuire des aliments, de préparer des matériaux de construction pour construire des édifices. Par la suite, la métallurgie, l'industrie du verre et la plastification, qui utilisent le feu, transforment l'habitat en des bâtiments de plus en plus complexes. On parle alors de "monde artificiel", essentiellement urbain, dans lequel vit l'homme aujourd'hui. C'est bien le travail qui est à l'origine de la modification de la et conférences, Vorträge und Aufsätze, trad. André Préau, Paris, éd. Gallimard, coll. "Tel" n° 52 1980Si l'homme a transformé la nature en construisant des villes, il a également réussi à maîtriser, d'une certaine façon, le TGV permettent à l'homme de traverser très rapidement des distances considérables, et les avions passent d'un continent à l'autre en une seule monde habité par l'homme n'a ainsi plus rien de "naturel". Heidegger conçoit la technique comme un "arraisonnement", c'est-à-dire une mise à la raison, presque une "mise au pas" du monde naturel. René Descartes déjà définissait la technique comme une manière de rendre les hommes "maîtres et possesseurs de la nature".La prise de conscience écologique montre toutefois que l'homme n'est pas satisfait de cette transformation, par le travail, de la nature qui n'est pas, comme on le dit dans le langage courant, une source inépuisable de richesses. Ainsi, au XIXe siècle, Thomas Malthus montrait déjà que le rendement de l'agriculture diminue au fur et à mesure qu'augmente le nombre des hommes. IILes effets du travail sur l'homme ALe travail une formation entre contrainte et dépendance Les conditions dans lesquelles s'effectue le travail ont évolué avec l'histoire. L'homme a d'abord vécu dans de petites collectivités où tout le monde était "égal" devant l'impératif de survie et les tâches nécessaires pour le satisfaire comme la chasse, la pêche ou la cueillette. Tout le monde travaillait. Avec les difficultés climatiques, l'errance et le nomadisme qui les ont suivis, la nécessité et surtout la rivalité entre clans ont conduit à des guerres de territoires, devenues de plus en plus meurtrières avec l'invention de la métallurgie et des armes. Ces guerres ont mené à l'esclavage, les premiers esclaves étant des prisonniers de guerre contraints de travailler pour les vainqueurs. Alors, le travail devient une contrainte et l'inégalité devant le travail se met en place. Même en temps de paix, cette situation s'est généralisée les plus démunis travaillent le plus durement dans des conditions difficiles. La notion du travail comme contrainte est apparue. L'esclave est un instrument vivant, venant avant les autres [...]. Si les navettes [au moyen desquelles on tisse la laine] tissaient toutes seules, le maître des travaux n'aurait pas besoin de serviteurs, ni les chefs de familles, d' Politique, trad. Jules Tricot, Paris, éd. Vrin, coll. "Bibliothèque des Textes philosophiques" 1995Si le travail peut être perçu comme une contrainte, certains philosophes ont montré que ceux qui ne travaillent pas dépendent du travail des autres. C'est la dialectique du maître et de l'esclave, développée par Hegel dans Phénoménologie de l'esprit. Il montre que le travail, au départ "subi" par un être dépendant, forme et éduque le travailleur. Celui-ci acquiert des savoirs et des savoir-faire qui constituent une formation essentielle. Le maître, au contraire, sombre dans l'oisiveté, l'ennui et la guerre destructrice. Ainsi, le travail, devenu rapidement une dépendance, est aussi, par le progrès technique, la conquête d'une liberté, celle de la connaissance. Sans devenir "l'esclave de son esclave", le maître devient dépendant dans la mesure où il ne travaille pas car il a besoin du savoir technique de son prépare la nourriture pour son maître. Il fabrique même, plus tard, les armes au moyen desquelles celui-ci fait la guerre, et ainsi "domine" celui qui le sert et dépend de lui. Par ce moyen, l'esclave devient un artisan et, s'il apprend le maniement de l'arme, il devient aussi un maître s'approprie les armes mais n'en maîtrise que le maniement, non la fabrication. C'est pourquoi Grecs et Romains ont reconnu un "dieu" de la métallurgie, Héphaïstos ou Vulcain, aux côtés d'un "dieu" de la guerre, Arès ou Mars. BLe travail pour former l'homme d'un point de vue moral Emmanuel Kant considère que le travail est un devoir envers soi-même, un devoir qui forme l'homme moralement parlant. Pour Emmanuel Kant, le travail satisfait la conscience morale et la fierté humaine. Ainsi, l'animal satisfait ses besoins par l'instinct, l'homme par le travail. Il lui faut néanmoins pour cela un effort qui le sorte de la paresse. Le travail est donc un devoir et son habitude, une vertu. Aristote explique d'ailleurs que la vertu est l'habitude du bien. L'homme qui travaille serait alors un homme meilleur, plus moral, un homme dont la formation est plus accomplie car il se dépasse. De plus, comme le souligne Freud, le travail peut être considéré comme un bien en lui-même. Être normal, c'est aimer et ne parle pas seulement du travail social, mais de tout effort pour mûrir et changer ainsi notre propre "nature". Il évoque le travail du deuil, effort mental pour surmonter la perte d'un être cher. Le terme "travail" est alors pris comme une métaphore et signifie l'effort sur faut encore réserver une place particulière à l'art, travail sur soi-même qui aboutit à la sublimation, c'est-à-dire à des œuvres qui transfigurent les épreuves subies par l'artiste dans sa vie ainsi que ses désirs refoulés. CLe travail pour former l'homme à vivre avec les autres 1Travail et société Le travail forme l'homme à la sociabilisation et lui apprend donc à vivre en société. Le travail est en effet lié à la diversité des techniques et à la nécessaire coopération sociale. À la chasse, un homme rabat le gibier et l'autre prépare le piège. Le travail est divisé entre les hommes. Les philosophes ont comparé cette division à celle d'un organisme, où toutes les parties les organes avec leurs fonctions respectives concourent à un même résultat. Pour que le travail aboutisse, il faut pouvoir coopérer. C'est pour cette raison que de nombreux philosophes voient dans la division du travail un facteur de cohésion sociale. On peut citer Platon et Aristote, mais également Adam Smith ou Emmanuel Kant. Tous soulignent que la division du travail favorise l'échange. Division du travail La division du travail est la répartition de l'ensemble des tâches à accomplir dans une société ou un groupe humain, indépendamment du statut social. Mais on parle surtout de division sociale du travail, en fonction du statut social esclaves ou travailleurs libres comme les artisans ou commerçants, ou employés et dirigeants et même du genre de travail à effectuer "manuel" ou "intellectuel". Toute activité de production implique en effet la répartition des tâches dans un ensemble organisé. Remarque Dans une chaîne de production quelconque ex automobiles la conception invention, maquette la fabrication et la commercialisation s'enchaînent nécessairement, mais les tâches restent séparées. 2Travail et échange Le travail favorise également la communication, donc le rapport avec les autres. Il fait vraiment de l'homme un être Hegel, travail et langage sont d'ailleurs liés, il les considère comme les deux premières "extériorisations" c'est-à-dire manifestations de la conscience dans sa relation de "reconnaissance" par les autres consciences. C'est en travaillant avec les autres que le langage, le rapport humain et la communication se sont philosophe français Tran Duc Thao voit l'origine du langage dans la communication des premiers hominidés ancêtres de l'homme. Les chasseurs se faisaient des gestes qui sont devenus des mots lorsqu'ils tentaient de rabattre le gibier les uns vers les langage devient un instrument de la socialisation, comme support du travail lui-même. Il permet à l'homme de maîtriser son environnement et de se former lui-même. Quelle que soit sa pénibilité, il développe la communication. Ceux qui ne travaillent pas peuvent donc se sentir exclus et frustrés de la compagnie de leurs semblables. IIILe travail et ses liens avec la liberté ALe travail comme moyen pour être libre Le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité et les fins Capital. Critique de l'économie politique, trad. Das Kapital. Kritik der politischen Ökonomie, trad. Joseph Roy, éd. Maurice Lachâtre Le travail a permis à l'homme de se libérer de la nature, de se sociabiliser et d'emmagasiner des connaissances, donc de se dépasser. D'ailleurs, même si les philosophes antiques assurent que le travail n'est pas pour les hommes libres, eux-mêmes "travaillent" puisqu'ils réfléchissent au monde et à la condition de l'homme et condamnent sévèrement l'oisiveté. Le travail dit intellectuel semble ainsi être une marque de la liberté humaine. Par ailleurs, le travail a évolué au cours de l'histoire. En Occident, de nombreux changements ont permis de ne plus être exploité comme autrefois. Ainsi, Karl Marx souligne qu'il y a plus de liberté pour le travailleur dans le capitalisme que dans le servage féodal ou dans l'esclavage. Dans le capitalisme en effet, des salariés vendent librement leur force de travail sur un "marché" déterminé seulement par la concurrence des travailleurs en recherche d'emploi. Leur "force de travail" est achetée tout aussi librement par les propriétaires des moyens de production ou détenteurs du capital industriel, commercial ou financier. L'esclave, au contraire, est la propriété de son maître. Ce dernier consomme ou revend ce que l'esclave produit, sans lui reverser aucun salaire. BLe travail comme obstacle à la liberté humaine Toutefois, le travail est souvent associé à quelque chose de difficile. Étymologiquement, "travail" signifie d'ailleurs "contrainte" ou même "moyen de torture" tripalium en latin. La Bible fait même du travail la conséquence du péché. En effet, Dieu punit Adam et Ève en associant le travail à la douleur et l'effort "tu travailleras à la sueur de ton front". Le travail serait alors une punition. Par ailleurs, l'idée que le travail rend libre a été exploitée au XXe siècle par des idéologies comme le nazisme ou le stalinisme, alors que c'est l'asservissement voire la destruction des hommes qui a effectivement été mis en place. Le slogan "le travail rend libre" Arbeit macht frei figurait au fronton du camp de concentration nazi de Dachau alors que les hommes y étaient exploités et stalinisme a aussi fait l'apologie de l'effort de travail extrême, immortalisé par le mineur Stakhanov sous le nom de "stakhanovisme".De plus, même si le travail forme la conscience du travailleur grâce à l'acquisition du savoir technique, de nombreux travailleurs semblent plutôt aliénés que libres. Ainsi, le travail ouvrier, industriel ou même bureaucratique peut "aliéner", c'est-à-dire rendre étranger à soi-même. Le philosophe hongrois Georg Lukacs assure que le travail peut aussi "réifier", c'est-à-dire donner l'apparence d'une le film de Charlie Chaplin Les Temps modernes, le travail n'est pas libérateur, les ouvriers sont vus comme des êtres mécaniques répétant à la chaîne, inlassablement, le même geste toute la journée. Le personnage de Charlot est même pris dans les rouages de la machine il devient un objet, il subit. CUn monde sans travail pour plus de liberté Avec le progrès technique, l'idée d'un monde sans travail semble possible. C'est ce que Jeremy Rifkin développe dans Fin du travail. On pourrait alors choisir de ne pas travailler ou de travailler très peu et vivre de "l'air du temps" comme le "bon sauvage" du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu'ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux [...], à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu'ils ne s'appliquèrent qu'à des ouvrages qu'un seul pouvait faire, et qu'à des arts qui n'avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux. [...] Ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Paris, éd. GF Flammarion 2016
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M Campus Le temps de loisirs est devenu temps de consommation et de diversion » du travail taylorisé, analyse le professeur de philosophie Thomas Schauder, qui défend un droit de créer, rêver… Publié le 18 avril 2018 à 14h06 - Mis à jour le 18 avril 2018 à 15h18 Temps de Lecture 6 min. Chronique Phil’d’actu. L’événement de la semaine du 9 au 15 avril n’était ni l’intervention aérienne française en Syrie, ni le conflit entre zadistes » et gendarmes mobiles à Notre-Dame-des-Landes, ni la mobilisation des étudiants contre la réforme de l’université. Non. Le grand événement, c’était l’annonce du sexe du bébé de Manon et Julien dans l’émission Les Marseillais Australia » sur W9. Si vous ne le saviez pas, c’est que vous ne faites pas partie des 700 000 à 800 000 téléspectateurs sans compter les internautes qui ont suivi cette télé-réalité depuis 2012. C’est beaucoup, mais moins que Touche pas à mon poste ! », sur C8, qui dépasse régulièrement le million et demi de téléspectateurs. Loin d’être anecdotiques, ces chiffres sont révélateurs du rapport d’une part importante de la société au divertissement. La semaine dernière, je vous ai parlé du taylorisme et des injonctions à normaliser les gestes et à optimiser le temps de travail. Examinons aujourd’hui un autre aspect de cette question pourquoi, alors que nous sommes incités à ne pas perdre notre temps », la télévision propose-t-elle autant de programmes destinés à passer le temps » ? Ne pas confondre le loisir et le divertissement Des penseurs grecs de l’Antiquité aux marxistes de la fin du XIXe siècle, le temps de loisir a été considéré comme le temps soustrait aux activités biologiques » du travail et du repos. Ce faisant, il était le temps que l’homme pouvait consacrer au développement de ses aptitudes proprement humaines la vie politique, la culture ce n’est pas pour rien qu’en grec, loisir » se dit scholè, qui a donné le mot école », l’art, le sport, etc. Le taylorisme industriel et l’automatisation ont permis de libérer progressivement du temps de loisir parce qu’il était possible de produire autant, voire plus, en moins de temps. Les travailleurs ont ainsi pu gagner les congés payés, l’interdiction du travail des enfants, le droit à la retraite, etc. Mais elle est bien lointaine l’époque où le patronat fustigeait cette incitation à la paresse » le marché a rapidement vu l’intérêt économique de ce temps que le travailleur pouvait consacrer à consommer d’autres choses que ce qui était nécessaire à sa survie. Au fur et à mesure, donc, le temps de loisir est devenu un marché, il a été récupéré par la logique du travail, alors même qu’il était, traditionnellement, ce qui lui échappait essentiellement. Comme le notaient Theodor Adorno et Max Horkheimer en 1947, à propos de l’industrie culturelle » Dans le capitalisme avancé, l’amusement est le prolongement du travail. Il est recherché par celui qui veut échapper au processus du travail automatisé pour être de nouveau en mesure de l’affronter. » Le temps de loisir a ainsi subi une double transformation d’un côté, il est un temps de consommation ; de l’autre, un temps de divertissement » au sens de ce qui fait diversion », ce qui permet de regarder ailleurs, d’oublier les tracas de la vie réelle en étant absorbé dans le spectacle Le spectacle soumet les hommes vivants dans la mesure où l’économie les a totalement soumis. Il n’est rien que l’économie se développant par elle-même. … Pour amener les travailleurs au statut de producteurs et consommateurs “libres” du temps-marchandise, la condition préalable a été l’expropriation violente de leur temps. » Guy Debord, La Société du spectacle, 1967. Se vider la tête » Au contraire du loisir, le divertissement n’est pas du temps soustrait aux nécessités biologiques il en fait partie intégralement. Dans une organisation du travail où les biens sont difficiles à obtenir et nécessitent un effort intense, la priorité pour pouvoir reconstituer sa force de travail est le repos manger, boire et dormir. Mais dans la société taylorisée où la difficulté est moins physique que psychologique dans la mesure où l’on pourrait séparer ces deux dimensions, alors que le phénomène du burn-out est l’exacte preuve du contraire, le divertissement est aussi nécessaire que le pain. Il s’agit pour le travailleur de se vider la tête », expression révélatrice du besoin de consacrer ce temps libéré du travail à oublier ce dernier. Concrètement, le divertissement n’est pas un temps d’inactivité, comme le prouvent les phénomènes de dépendance aux écrans, y compris chez les jeunes enfants. Dès qu’on a un instant de libre, on va le consacrer à regarder ce qui se passe sur Facebook ou à jouer à l’un de ces petits jeux assez débilitants sur son smartphone. Ce ne sont là que les avatars contemporains du besoin de faire diversion » et leur dépendance est assez proche de l’alcoolisme du travailleur de la fin du siècle dernier, celui que décrit Joe à Martin Eden dans le roman éponyme de Jack London 1909 J’avais jamais envie de boire, à l’hôpital. C’est drôle, hein ? Mais, quand j’ai marné comme un esclave pendant toute une semaine, faut que je me cuite. » Le divertissement fait ainsi partie intégrante de l’injonction à la rentabilité du temps à l’œuvre dans la taylorisation de l’existence » il consiste bel et bien en une activité qui non seulement sert le processus biologique, mais aussi le processus de production économique, puisqu’il fait vivre les industries culturelles et technologiques. Il est une activité de consommation pulsionnelle, et à ce titre est soumis aux mêmes exigences que le monde du travail dont il est le pendant La société de masse … ne veut pas la culture, mais le divertissement entertainment … et les articles offerts par l’industrie des loisirs sont bel et bien consommés par la société comme tous les autres objets de consommation. … Ils servent, comme on dit, à passer le temps, et le temps vide qui est ainsi passé n’est pas, à proprement parler, le temps de l’oisiveté …. Et la vie biologique est toujours, au travail ou au repos, engagée dans la consommation ou dans la réceptivité passive de la distraction, un métabolisme qui se nourrit des choses en les dévorant. … Les critères d’après lesquels on les devrait … juger sont la fraîcheur et la nouveauté. » Hannah Arendt, La Crise de la culture, 1961. Droit à l’inutilité et au temps perdu Finalement, les formes contemporaines du divertissement et leur place dans la vie quotidienne ne sont que les symptômes actuels d’un drame humain, celui que décrivait Blaise Pascal au XVIIe siècle Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. » Nous sommes nombreux à craindre l’inactivité, synonyme de l’ennui. Nous ne voulons pas penser au malheur naturel de notre condition faible et mortelle ». Pour Blaise Pascal, le divertissement est une solution à ce problème Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser. » Le divertissement nous offre une solution pour être heureux, mais il nous fait manquer ce qui pourrait nous rendre véritablement heureux puisqu’il ne nous offre qu’une vision standardisée et impersonnelle du bonheur. Au lieu de ne rien faire », nous ne faisons rien » nous occupons notre temps au lieu de prendre le temps de nous poser des questions, de penser, de contempler, de nous laisser aller à l’émerveillement. Nous nous vidons la tête » au lieu de la remplir de tout ce qui pourrait donner un sens à nos actions. Or le temps de l’inactivité est celui qui rend possible l’activité, d’inventer, de créer, de rêver, bref de nous soustraire réellement aux injonctions du marché et du travail. Aujourd’hui, la productivité et la richesse n’ont jamais été aussi importantes. L’occasion nous est offerte de réclamer un droit à la paresse » selon l’expression de Paul Lafargue, un droit à l’inutilité et au temps perdu. Et si ce droit devenait l’enjeu des luttes sociales de demain ? On a bien le droit de rêver… Un peu de lecture ? – Guy Debord, La Société du spectacle Folio Gallimard, 2002. – Hannah Arendt, La Crise de la culture Folio Gallimard, 2003. – Theodor Adorno et Max Horkheimer, Kulturindustrie Allia, 2012. Phil’ d’Actu, l’actualité au crible de la philosophie Le Monde Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. 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La notion de liberté possède plusieurs significations. La liberté peut s’appliquer à une personne qui n’est pas sous la dépendance de quelqu’un, une personne qui peut agir sans contrainte, qui est autonome. La liberté peut aussi renvoyer au fait de pouvoir agir, dans une société organisée, selon sa propre détermination, dans la limite de règles. Comme les droits, par exemple, qui sont les libertés que la loi reconnaît aux individus dans un domaine. La liberté d’expression, d’opinion ou encore religieuse, c'est-à-dire qu’elle donne le droit à l’individu de choisir sa religion, ou de ne pas en avoir. En philosophie, la liberté est le caractère indéterminé de la volonté humaine, ce qu’on appelle le libre arbitre. Le verbe travailler » désigne toute activité visant à la production d'une oeuvre utile. Dans nos sociétés actuelles le travail est difficilement conçu sans rémunération. Le travail est souvent associé à la peine, à la souffrance, il est vu comme une contrainte. Il apparaît donc que les termes liberté » et travail » soient en totale opposition. Mais l’on verra par la suite qu’ils peuvent être, au contraire, intimement liés. L’Homme n’est pas forcément partagé entre ces deux notions et l’une sans l’autre pourrait même le déshumaniser. Les Hommes pensent le travail comme une entrave à leur liberté, comme quelque chose qui a fait disparaître la liberté de la vie humaine. Mais la notion de liberté existerait-elle si rien ne venait l’entraver ? Et si la liberté n’est pas apparue avant le travail ; si le travail a, au contraire, permis à la liberté à la fois d’exister et de prendre tout son sens, une question fondamentale se pose alors la liberté de l’Homme dépend-elle de sa faculté à travailler ? Le travail est un phénomène humain. Dès lors qu’il y a trace d’humanité il y a travail. Il accompagne l’existence et le développement de l’humanité. C’est un élément qui intervient nécessairement pour définir la condition humaine. L’animal travaille certes, mais ce qui différencie le travail humain du travail animal est que, dans le cas de l’homme, on a affaire à un projet médité, conscient de lui-même et toujours prémédité. Dès lors, la différence entre Homme et animal est définie. L’homme est l’être qui a le plus de besoins et que la nature à le moins favorisé pour les satisfaire. L’homme est donc forcément, de part sa nature, contraint de travailler pour survivre. Il n’est alors pas libre de travailler, il y est obligé, sa survie en dépend. Le travail témoigne ainsi de notre asservissement à la nécessité. Le travail apparaît tout d’abord comme une activité négative. Le travail est vu comme le lieu de l’exploitation, de la domination. Dans la Grèce antique, le travail est considéré comme une des activités les plus animales et les moins nobles. C’est pourquoi cette tâche était confiée à des esclaves afin de libérer l’homme libre » l’homme qui s’adonne à des activités intellectuelles telles que la philosophie ou les sciences, ou à des activités pratiques » telle que la politique des tâches pénibles que représentait le travail. L’esclave était alors soumis, maltraité, il était un être fragile, réduit à l’état d’animalité. Sa condition était pitoyable mais ce n’étaient pas les esclaves qui étaient méprisés, c’était le travail. C’était l’activité à laquelle ils étaient condamnés qui les rendaient méprisables. Le travail avait donc déjà à cette époque une connotation très négative. Dans la société moderne, l’existence de l’homme est déterminée de près ou de loin par le travail et la notion de travail est toujours perçue, comme dans la Grèce antique, de façon péjorative. L’idée que l’ouvrier travaille car il y est contraint est omniprésente. Le travail est vu comme une contrainte extérieure subie par l’ouvrier, quelque chose dans quoi il ne réalise pas son être. Le travail est perçu comme un lieu dans lequel l’individu se nie et est dépossédé. Marx appelle cela l’aliénation ». L’aliénation existentielle est le fait que dans et par le travail, le travailleur ne se retrouve plus. Il devient étranger à lui-même. Le fait que le travailleur soit contraint à la répétition des mêmes gestes toute la journée illustre bien cette idée. Idée que l’on retrouve dans Les Temps Modernes de Charles Chaplin. Ce dernier incarne alors un ouvrier qui exerce dans la société moderne. Il passe ses journées à viser des boulons et ne peut s’empêcher de reproduire les mêmes gestes une fois sa journée de travail terminée. Tout en étant exagérée, cette idée de machine humaine » est présente dans la société moderne. L’aliénation dans le travail signe la déshumanisation de l’individu. Le travail serait alors une véritable malédiction pour l’homme ; on peut se rapporter alors à la genèse le travail s’inscrit dans le contexte d’une punition adressée à Adam et donc à l’ensemble du genre humain. Condition qui fait apparaître les êtres humains comme déchus et exempts de toute liberté. Le travail est considéré comme du temps que l’on donne à la société, un sacrifice de soi. Le temps hors travail est vu comme un temps pour soi, l’individu n’a le sentiment d’être lui qu’en dehors du travail. Il a l’impression de perdre sa vie en travaillant. L’homme pense que c’est après le travail que commence la vraie vie, qu’il devient libre. D’ailleurs ne dit-on pas, en parlant du temps consacré aux loisirs, le temps libre » ? Pour Marx, la malédiction qui s’attache au travail tient, non pas à sa nature, mais à la façon dont il est socialement organisé. Il existe pour lui deux classes sociales bien distinctes la bourgeoisie et le prolétariat. L’un s’enrichie tandis que l’autre s’appauvrit de plus en plus en conciliant exploitation et aliénation. Marx montre ainsi que dans une société capitaliste, le travail est exploité il y a une partie du travail du salarié qui ne lui est pas payée, un surtravail ». Le salarié et son travail dépendent alors entièrement du patron. La notion de liberté ne peut se développer lorsqu’il y a exploitation. Le salarié exploité ne peut donc se concevoir comme un homme libre dans le travail et donc dans sa vie en général. Le travail apparaît donc comme ce qui prive l’homme de toute liberté. Mais en examinant la doctrine de Marx de plus près on s’aperçoit qu’il ne possède pas seulement une vision négative du travail. On trouve chez lui une ambivalence qui amène à examiner le côté positif du travail et la notion de liberté. Il faut pour cela retourner aux sources de l’humanité. Lorsque n’existait encore que l’être humain dépourvu d’outils, seul face à une nature hostile. Le travail a permis à l’homme d’intervenir sur la nature afin de satisfaire ses besoins les plus élémentaires. Il l’a façonnée. Le travail a donc permis à faire passer l’homme de l’état de soumission par rapport à la nature à l’état de domination. En revenant à l’époque de la Grèce antique on se rend compte que le travail serait le propre de l’homme, ce qui lui permettrait de réaliser son humanité, mais aussi que les hommes dit libres » étaient dans le faux quant à leur conception du travail. En effet l’esclave va se donner un pouvoir sur la matière inconnu du maître. Ce dernier est dans la satisfaction immédiate, dans l’absence d’effort. Il perd son temps. Tandis que l’esclave, par son travail et en acceptant l’humilité de la tâche, conquière sa liberté et sa dignité. Les rôles sont alors inversés le maître devient esclave de l’esclave. La dignité humaine c’est la liberté et la liberté est la capacité à s’élever à ce qui est proprement humain. L’homme assiste alors, par son travail, à une modification de sa propre nature, mais également à la réalisation de son être parce qu’il peut se reconnaître dans son travail. L’homme se crée comme sujet et acquière alors un pouvoir de décision. Il est libre de choisir de travailler ou non. Et en choisissant de travailler l’homme ne subit plus le monde car il peut le modifier grâce à son travail. En effet, un monde où tout serait donné à l’homme, où il ne connaîtrait plus que ses désirs et serait incapable de les discipliner en se confrontant à la réalité ne pourrait que se laisser dominer par elle. Mais le travail possède, au-delà d’une éducation à la liberté, une valeur morale il oblige à l’effort et à la persévérance. Ces deux notions portent l’être comme maître de son travail et lui confère ainsi une certaine liberté. Alain pense que le travail est une éducation à la volonté. Plus encore, c’est par le travail que l’homme devient un être social. C’est par le travail que s’effectue aussi bien l’intégration au sein de la société que le lien social. Le mot travail » est devenu si noble que sa fonction est reconnue socialement comme l’activité sociale la plus valorisante dès que métier et passion se confondent. Le travail est à l’origine des sentiments sociaux de l’humanité, notamment le sentiment de propriété. C’est le travail qui rend propriétaire. Par exemple, un homme qui a travaillé sa terre en devient propriétaire. Et le fait d’être propriétaire de quelque chose confère à l’individu une liberté quant au devenir de cette chose. Être propriétaire c’est donc pouvoir être libre. Le monde moderne n’oppose donc plus nécessité et liberté mais la liberté en passe par la contrainte. Le travail apparaît donc comme étant le propre de l’homme. Sans cette faculté à travailler il serait dépendant de la nature et de son hostilité première. Il s’épanouit à travers le travail, il s’impose et existe dans une société qu’il a choisi d’intégrer. Malgré le fait qu’il soit parfois aliéné et dépendant de son travail, l’homme ne peut compter que sur sa faculté à travailler pour réaliser son être et ainsi devenir libre.
Le travail est considéré comme nécessaire dans les sociétés humaines, il est ce qui permet notamment de gagner un salaire et donc d'être indépendant financièrement parlant. Le travail a des effets sur l'homme s'il est parfois vécu comme une contrainte ou une dépendance, le travail permet de former l'homme d'un point de vue moral et de lui apprendre à vivre avec les autres. C'est par son travail et sa maîtrise de la technique que l'être humain a été capable de transformer la nature. Le travail se pense souvent par rapport à la question de la liberté permet-il de libérer l'homme, ou au contraire est-il une entrave à sa liberté ? IDéfinition du travail Dans la plupart des sociétés humaines actuelles, le travail est une nécessité pour beaucoup d'êtres humains, puisqu'il est le seul à permettre une rémunération financière. Il existe toutefois d'autres formes de travail que le travail rémunérateur le travail domestique ou le travail dans les études. En philosophie, on considère que le travail est ce qui transforme la nature pour satisfaire les besoins de l'être humain. La notion de travail est aujourd'hui intrinsèquement liée à l'idée de production et de rémunération. Le travail, c'est produire un effort et percevoir une rémunération en échange. Le travail permet ainsi d'être indépendant, puisque sans argent, il est actuellement très difficile de survivre. L'être humain a besoin d'argent pour payer un loyer, pour payer sa nourriture et ses vêtements, pour se divertir, etc. Toutefois, le travail au sens de livrer un effort pour créer quelque chose, pour accomplir une tâche ou pour se perfectionner, existe dans d'autres domaines dans le domaine ménager le ménage, la cuisine et l'éducation des enfants sont aujourd'hui reconnus comme un travail fatigant ; dans le domaine des études l'apprentissage des cours, les recherches documentaires, la résolution de problèmes ou l'écriture de dissertations et d'articles sont considérés comme le fruit d'un travail intellectuel ; dans le domaine du sport se perfectionner dans un sport avec des entraînements est considéré comme un travail physique ; dans le domaine de la création dessiner, peindre, sculpter, les activités artistiques sont également le fruit d'un travail de perfectionnement. Si aujourd'hui on parle moins facilement de travail lorsqu'il n'y a pas de rémunération en échange, le travail en tant que travail salarié est pourtant récent dans l'histoire de l'humanité. D'un point de vue étymologique, lorsqu'on parle du travail, on l'associe souvent à l'idée de contrainte. En effet, on dit souvent qu'étymologiquement, travail » signifie contrainte » ou même moyen de torture » tripalium en latin. Pourtant, cette étymologie a plusieurs fois été remise en cause. Le travail ne serait donc pas uniquement synonyme de souffrance, labeur et philosophie, on estime que le travail est ce qui permet la transformation de la nature l'homme produit des objets et transforme le monde autour de lui pour l'adapter à ses besoins. Il crée ainsi des villes. Il change son habitat naturel. Le travail, c'est donc ce qui s'oppose au loisir et au jeu, c'est ce qui permet de transformer le monde. IILes effets du travail sur l'homme Le travail a des effets sur l'homme, qu'il soit vécu comme une contrainte ou une dépendance. Il permet notamment de former l'homme moralement parlant et de lui apprendre à vivre en société, avec d'autres humains. ALe travail une formation entre contrainte et dépendance Les conditions dans lesquelles s'effectue le travail ont évolué avec l'histoire. Les êtres humains devaient tous travailler pour participer aux différentes tâches de survie ; puis, lorsque les hommes sont devenus sédentaires, les êtres humains se sont organisés en société hiérarchisées. Certains étaient contraints de travailler tandis que d'autres ne travaillaient pas et dépendaient du travail des plus a d'abord vécu dans de petites collectivités où tout le monde était égal » devant l'impératif de survie et les tâches nécessaires pour satisfaire cet impératif comme la chasse, la pêche ou la cueillette. Tout le monde les difficultés climatiques, l'errance et le nomadisme qui les ont suivis, la nécessité et surtout la rivalité entre clans ont conduit à des guerres de territoires, devenues de plus en plus meurtrières avec l'invention de la métallurgie et des armes. Ces guerres ont mené à l'esclavage, les premiers esclaves étant des prisonniers de guerre contraints de travailler pour les vainqueurs. Le travail est alors devenu une contrainte et l'inégalité devant le travail s'est mise en en temps de paix, cette situation s'est généralisée les plus démunis travaillent le plus durement dans des conditions difficiles. La notion du travail comme contrainte est apparue. L'esclave est un instrument vivant, venant avant les autres [...]. Si les navettes [au moyen desquelles on tisse la laine] tissaient toutes seules, le maître des travaux n'aurait pas besoin de serviteurs, ni les chefs de familles, d'esclaves. »Si le travail peut être perçu comme une contrainte, certains philosophes ont montré que ceux qui ne travaillent pas dépendent du travail des autres. C'est la dialectique du maître et de l'esclave, développée par Hegel dans Phénoménologie de l'esprit. Il montre que le travail, au départ subi » par un être dépendant, forme et éduque le travailleur. Celui-ci acquiert des savoirs et des savoir-faire qui constituent une formation essentielle. Le maître, au contraire, sombre dans l'oisiveté, l'ennui et la guerre destructrice. Ainsi, le travail, devenu rapidement une dépendance, est aussi, par le progrès technique, la conquête d'une liberté, celle de la connaissance. Sans devenir l'esclave de son esclave », le maître devient dépendant dans la mesure où il ne travaille pas car il a besoin du savoir technique de son prépare la nourriture pour son maître. Il fabrique même, plus tard, les armes au moyen desquelles celui-ci fait la guerre, et ainsi domine » celui qui le sert et dépend de lui. Par ce moyen, l'esclave devient un artisan et, s'il apprend le maniement des armes, il devient aussi un maître s'approprie les armes mais n'en maîtrise que le maniement, non la fabrication. C'est pourquoi Grecs et Romains ont reconnu un dieu » de la métallurgie, Héphaïstos ou Vulcain, aux côtés d'un dieu » de la guerre, Arès ou Mars. BLe travail pour former l'homme d'un point de vue moral Emmanuel Kant considère que le travail est un devoir envers soi-même, un devoir qui forme l'homme moralement Emmanuel Kant, le travail satisfait la conscience morale et la fierté humaine. Ainsi, l'animal satisfait ses besoins par l'instinct, l'homme satisfait les siens par le travail. Il lui faut néanmoins pour cela un effort qui le sorte de la paresse. Le travail est donc un devoir, et son habitude, une vertu. L'homme qui travaille serait alors un homme meilleur, plus moral, un homme dont la formation est plus accomplie car il se plus, comme le souligne Freud, le travail peut être considéré comme un bien en lui-même. Être normal, c'est aimer et travailler. »Freud ne parle pas seulement du travail social, mais de tout effort pour mûrir et changer ainsi notre propre nature ». Il évoque le travail du deuil, effort mental pour surmonter la perte d'un être cher. Le terme travail » est alors pris comme une métaphore et l'élaboration » par laquelle on passe de l'affect brut et impensé à la pensée structurée et faut encore réserver une place particulière à l'art, travail sur soi-même qui aboutit à la sublimation concept qui vient de la psychanalyse, défini par Freud dans Trois essais sur la théorie sexuelle, c'est-à-dire à des œuvres qui transfigurent les épreuves subies par l'artiste dans sa vie ainsi que ses désirs refoulés. CLe travail pour former l'homme à vivre avec les autres Le travail forme l'être humain à la sociabilisation et lui apprend donc à vivre en société. Le travail est en effet lié à la diversité des techniques et à la nécessaire coopération sociale. Le travail favorise également la communication, donc le rapport avec les autres. Il fait vraiment de l'être humain un être travail forme l'homme à la sociabilisation et lui apprend donc à vivre en société. Le travail est en effet lié à la diversité des techniques et à la nécessaire coopération la chasse, un homme rabat le gibier et l'autre prépare le piège. Le travail est divisé entre les philosophes ont comparé cette division à celle d'un organisme, où toutes les parties les organes avec leurs fonctions respectives concourent à un même résultat. Pour que le travail aboutisse, il faut pouvoir coopérer. C'est pour cette raison que de nombreux philosophes voient dans la division du travail un facteur de cohésion sociale. On peut citer Platon et Aristote, mais également Adam Smith ou Emmanuel Kant. Tous soulignent que la division du travail favorise l'échange. Division du travail La division du travail est la répartition de l'ensemble des tâches à accomplir dans une société ou un groupe humain, indépendamment du statut social. Mais on parle surtout de division sociale du travail en fonction du statut social esclaves ou travailleurs libres comme les artisans ou commerçants, ou employés et dirigeants et même du genre de travail à effectuer manuel » ou intellectuel ». Toute activité de production implique en effet la répartition des tâches dans un ensemble une chaîne de production quelconque, comme une chaîne de production d'automobiles, la conception invention, maquette la fabrication et la commercialisation s'enchaînent nécessairement, mais les tâches restent séparées. Le travail favorise également la communication, donc le rapport avec les autres. Il fait vraiment de l'homme un être Hegel, travail et langage sont d'ailleurs liés, il les considère comme les deux premières extériorisations » c'est-à-dire manifestations » de la conscience dans sa relation de reconnaissance » par les autres consciences. C'est en travaillant avec les autres que le langage, le rapport humain et la communication se sont philosophe français Tran Duc Thao voit l'origine du langage dans la communication des premiers hominidés ancêtres de l'homme. Les chasseurs se faisaient des gestes qui sont devenus des mots lorsqu'ils tentaient de rabattre le gibier les uns vers les langage devient un instrument de la socialisation, comme support du travail lui-même. Il permet à l'homme de maîtriser son environnement et de se former lui-même. Quelle que soit sa pénibilité, il développe la communication. Ceux qui ne travaillent pas peuvent donc se sentir exclus et frustrés de la compagnie de leurs semblables. IIILe travail et ses liens avec la liberté Le travail peut être pensé comme un moyen pour être libre ou comme un obstacle à la liberté. ALe travail comme moyen pour être libre Le travail a permis à l'être humain de se libérer de la nature, de se sociabiliser et d'emmagasiner des connaissances, donc de se dépasser. Le travail peut être le travail intellectuel, qui permet d'apprendre et de penser par soi-même. Le travail peut également permettre l'indépendance, notamment financière, et empêcher l'exploitation. Enfin, le travail peut permettre de créer des objets qui deviennent des œuvres, ce qui, pour Hannah Arendt, libère l'homme d'une tâche répétitive et vaine. Le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité et les fins extérieures. »Le Capital. Critique de l'économie politiquePour Karl Marx, il s'agit de repenser en profondeur la totalité de la sphère de la production matérielle ». D'une façon générale, chez Marx, le problème est que le travailleur est dépossédé de son travail, exproprié du résultat de son travail, qui lui procure alors un sentiment d'étrangeté. Les fins de son travail ne lui appartiennent pas. Le travail a permis à l'homme de se libérer de la nature, de se sociabiliser et d'emmagasiner des connaissances, donc de se dépasser. D'ailleurs, même si les philosophes antiques assurent que le travail n'est pas pour les hommes libres, eux-mêmes travaillent » puisqu'ils réfléchissent au monde et à la condition de l'homme et condamnent sévèrement l'oisiveté. Le travail dit intellectuel semble ainsi être une marque de la liberté ailleurs, le travail a évolué au cours de l'histoire. En Occident, de nombreux changements ont permis de ne plus être exploité comme autrefois. Ainsi, Karl Marx souligne qu'il y a plus de liberté pour le travailleur dans le capitalisme que dans le servage féodal les paysans appartenaient à un seigneur et travaillaient sur ses terres ou dans l' le capitalisme, en effet, des salariés vendent librement leur force de travail sur un marché » déterminé seulement par la concurrence des travailleurs en recherche d'emploi. Leur force de travail » est achetée tout aussi librement par les propriétaires des moyens de production ou détenteurs du capital industriel, commercial ou financier. L'esclave, au contraire, est la propriété de son maître. Ce dernier consomme ou revend ce que l'esclave produit, sans lui reverser aucun Arendt, dans Condition de l'homme moderne, distingue deux types de travail le labor anglais qui signifie dépenser son énergie pour une activité dédiée au quotidien, du travail de celui qui fait une œuvre. Pour elle, celui qui fait œuvre, qui crée des objets techniques destinés à durer Homo faber est libre. Une œuvre n'est pas un produit de consommation, elle permet de libérer l'être humain d'une tâche répétitive et vaine. En ce sens, l'art ou l'activité spirituelle sont, selon Hannah Arendt, des formes qui permettent de le libérer de sa il existe d'autres formes de travail qui permettent de libérer l'être humain. Ainsi, la psychanalyse est un travail sur soi, sur ses rêves, sur son inconscient, pour essayer de se libérer ou de s'approprier ce qui nous échappe et nous entrave parfois. Freud parle également du travail du deuil, c'est-à-dire du travail à faire après la perte d'un être aimé notamment. Ici, le travail est perçu comme libérateur, puisqu'il aide l'être humain à avancer, à accepter, à être soulagé. BLe travail comme obstacle à la liberté humaine Toutefois, le travail est souvent associé à quelque chose de difficile. Étymologiquement, travail » signifie d'ailleurs contrainte » ou même moyen de torture » tripalium en latin. La Bible fait même du travail la conséquence du péché. En effet, Dieu punit Adam et Ève en associant le travail à la douleur et l'effort tu travailleras à la sueur de ton front ». Le travail serait alors une punition. Par ailleurs, l'idée que le travail rend libre a été exploitée au XXe siècle par des idéologies comme le nazisme ou le stalinisme, alors que c'est l'asservissement voire la destruction des hommes qui a effectivement été mis en place. Le slogan le travail rend libre » Arbeit macht frei figurait au fronton du camp de concentration nazi de Dachau alors que les hommes y étaient exploités et stalinisme a aussi fait l'apologie de l'effort de travail extrême, immortalisé par le mineur Stakhanov sous le nom de stakhanovisme ».De plus, même si le travail forme la conscience du travailleur grâce à l'acquisition du savoir technique, de nombreux travailleurs semblent plutôt aliénés que libres. Ainsi, le travail ouvrier, industriel ou même bureaucratique peut aliéner », c'est-à-dire rendre étranger à soi-même. Le philosophe hongrois Georg Lukacs assure que le travail peut aussi réifier », c'est-à-dire donner l'apparence d'une le film de Charlie Chaplin Les Temps modernes, le travail n'est pas libérateur, les ouvriers sont vus comme des êtres mécaniques répétant à la chaîne, inlassablement, le même geste toute la journée. Le personnage de Charlot est même pris dans les rouages de la machine il devient un objet, il subit.
le travail nous rend il plus humain